Portraits d’ambassadrices : Cécile Rayroles et Ara Schorscher-Petcu

La FFAAA a nommé deux ambassadrices de la Commission féminine auprès du groupe de travail Gender Balance de l’EAF et de l’IAF.  À travers leurs expertises et leur engagement, elles contribuent à porter la voix de la Fédération et à soutenir les actions en faveur de l’équilibre femmes-hommes au sein des instances européennes et internationales. Portrait croisé de Cécile Rayroles et d’Ara Schorscher-Petcu. 

Pouvez-vous vous présenter ?

Ara : Je suis chercheuse en neurosciences à l’Institut Pasteur et j’essaye de comprendre comment le système nerveux transmet et représente les informations sensorielles. J’ai commencé l’aïkido pendant mes études doctorales, en 2004, dans le club de l’Université McGill à Montréal. En 2010, je me suis installée à Paris et j’ai découvert le Cercle Tissier. Très impressionnée par une pratique à la fois intense et rigoureuse j’ai eu envie de m’investir davantage dans la discipline. Entre 2016 et 2022 mon travail m’a emmenée à Londres où je me suis retrouvée responsable du club de l’University College London. Une expérience qui m’a notamment fait réfléchir sur le sujet de la place des femmes dans l’enseignement. Actuellement je m’entraîne au Cercle Tissier avec Bruno Gonzalez, je suis 3e dan Aikikai et membre de la Commission féminine de la FFAAA.

Cécile : Je suis directrice de production en agence de communication. J’accompagne des institutions et entreprises dans la conception de campagnes de sensibilisation, notamment sur des thématiques sociétales comme la diversité et l’inclusion, en France comme à l’international.

J’ai découvert l’aïkido en 1996 en Normandie. Mes études m’ont ensuite amenée dans le Nord, où j’ai pratiqué auprès de Benoît Mabire et Bruno Zanotti, puis pour un semestre au Japon, où j’ai suivi l’enseignement de Sobue sensei. Au début des années 2000, j’ai rejoint le Cercle Tissier, et je pratique aujourd’hui au dojo de Fabrice Croizé. Je continue bien sûr de suivre Christian Tissier en stage en France et à l’étranger.
Je suis 5e dan, membre du Collège Technique National (CTN) et chargée de mission pour la Commission féminine de la FFAAA.

Cécile Rayroles & Yoko Okamoto (crédit Aïkido Sceaux Paris Sud)
Ara Schorscher-Petcu (crédit François Warlet)
Pourquoi avoir candidaté au poste d’ambassadrice de la FFAAA ?

Cécile : Je suis convaincue que les échanges internationaux sont une source d’inspiration et de progrès. Au fil des années, j’ai pu tisser des liens avec des pratiquant·es de nombreux pays, lors de stages, de démonstrations (comme aux Combat Games de Pékin ou Riyad), ou de mon échange universitaire au Japon. Ces rencontres ont souvent donné lieu à des discussions passionnantes sur le développement de la pratique, en particulier pour les femmes.
À l’aise pour porter des projets en anglais, j’ai souhaité m’engager dans une dynamique d’échange d’analyses et de bonnes pratiques, comme le projet GendAi, un projet Erasmus+ piloté par l’EAF. Il vise à proposer des solutions concrètes pour améliorer la visibilité des femmes en aïkido, favoriser leur progression, et créer un environnement de pratique plus équitable. 

Ara : Pour moi, l’aïkido a toujours eu un côté universel qui transcende les frontières. Comme toute pratique physique, l’aïkido peut servir de langage universel même si ses origines sont fortement ancrées dans la culture japonaise. Ainsi, je trouve que les échanges internationaux ne sont qu’une suite logique et qu’il est bénéfique pour la discipline de les nourrir. Au niveau de ces instances de grande visibilité, il est à mon sens très important de veiller à l’équité des genres ainsi qu’à l’image qu’on y donne de l’aïkidoka féminine. Je pense que le rôle d’ambassadrice est une bonne opportunité pour mettre mon parcours international et polyglotte au service de la cause féminine.

Quelles sont vos ambitions ou votre vision pour les femmes en Aïkido ?

Ara :  Je voudrais que la pratique de l’aïkido puisse être un espace permettant aux femmes de s’exprimer librement et au-delà des stéréotypes de comportement qui sont encore forts dans la société. Pour cela, il faut créer un contexte où le regard que l’on pose sur autrui fait abstraction du genre. Je pense qu’aujourd’hui encore la progression et la visibilité des femmes en aïkido peut se voir entravée par une vision de la pratique martiale comme activité virile où la place des femmes n’est que secondaire et je souhaite que cela change.

Cécile : Je souhaite que chaque femme puisse trouver sa place sur le tatami, qu’elle se projette dans une progression technique de haut niveau si elle le souhaite, dans l’enseignement, dans l’encadrement.
L’aïkido a cette chance rare d’être une discipline totalement mixte. Mais comme dans tout espace mixte, il faut rester attentif à l’équilibre réel des représentations et des opportunités. Il ne s’agit pas seulement d’accueillir les femmes, mais aussi de leur offrir des perspectives, des rôles modèles, et un environnement stimulant.

Cécile Rayroles et Christian Tissier, World Combat Games 2023 (crédit IAF)
Que faudrait-il faire selon vous pour que l’Aïkido soit attractif auprès des femmes ?

Cécile : Il faut d’abord rendre visibles les femmes qui pratiquent, et montrer toute la richesse de leurs parcours : débutantes, confirmées, enseignantes, encadrantes… Et pas seulement une ou deux figures emblématiques : il faut montrer la diversité, la pluralité.
Ensuite, il est essentiel de garantir un cadre de pratique bienveillant et respectueux, dans les clubs, les stages, les formations. C’est cela qui donne envie de revenir, de progresser, de s’engager. L’attractivité se construit aussi dans les détails du quotidien.

Ara : Cécile a tout dit ! Je rajouterais seulement que comme dans de nombreux domaines où la domination masculine est systémique, qu’il s’agisse de politique, de sciences ou d’économie, le changement ne peut pas se faire sans bouleversements. Il ne faut donc pas hésiter à faire la révolution, et se donner les moyens qui permettront d’ébranler les structures figées. 

Cécile, tu as déjà assisté à tes premières réunions de l’EAF, quels sont tes ressentis ? 

Cécile : Nous avons mis en place la connexion avec le groupe de travail Gender balance et nous sommes curieuses d’en apprendre plus sur la façon qu’ont les autres pays d’aborder le sujet.

Nous rejoignons un groupe qui travaille déjà ensemble depuis plusieurs années. Nous espérons pouvoir nous appuyer sur des études et données déjà réalisées pour nous inspirer quant aux initiatives intéressantes à prendre au sein de la FFAAA. Par ailleurs, nous nous sommes présentées avec enthousiasme, comme force de proposition !

Nous avons commencé l’étude des documents déjà produits dans le cadre du projet Gendai. Un plan d’action pour soumettre le prochain dossier Erasmus+ est en cours d’élaboration.

Ce projet représente beaucoup d’investissement, mais nous en attendons beaucoup, notamment pour appuyer des projets financièrement.

Ara Schorscher-Petcu (crédit Andrei Florin Ivanescu)