Christian Tissier, une figure majeure de l’aïkido français

Christian Tissier s’impose aujourd’hui comme une figure emblématique de l’aïkido, tant en France qu’à l’échelle mondiale. Premier occidental à se voir attribuer le titre de Shihan par l’Aïkikaï Hombu Dojo de Tokyo, premier occidental à obtenir le grade de 8ème dan Aïkikaï, son parcours de plus de 60 ans a profondément modelé le visage de l’aïkido tant sur le territoire national qu’au-delà de nos frontières.

Il débute l’aïkido en 1962 auprès de Jean-Claude Tavernier à l’âge de 11ans. Peu de temps après, il rejoint le dojo de Nakazono Mutsuro sensei. Il pratique assidument auprès de Nakazono sensei, s’initiant tant aux aspects techniques qu’aux aspects culturels et philosophiques de cette discipline. En 1968, il obtient son 2ème dan auprès de son professeur en 1968, il envisage de se consacrer pleinement à la pratique de l’aïkido. Il décide de se rendre au Japon, au Hombu Dojo de Tokyo, pour parfaire ses connaissances. Prévu initialement pour   six mois, son séjour se transforme en une immersion de sept ans, de 1969 à 1976. Jusqu’à ce jour, il continue d’y retourner très régulièrement : plusieurs mois par an les premières années, puis tous les ans pour des séjours plus courts depuis. 

Durant son temps au Hombu dojo, il a la chance de bénéficier des enseignements des divers maîtres. Assez rapidement, il se lie avec deux figures particulièrement marquantes : le doshu Ueshiba Kisshomaru et Yamaguchi Seigo sensei, qui le prendront sous leur bienveillante protection et lui transmettront les fondations de sa voie future. Parallèlement, Christian Tissier travaille comme professeur de français au Gyosei Gakuen puis à l’institut franco-japonais de Tokyo. Désireux de s’intégrer dans la société japonaise et de s’imprégner de la culture du pays qui l’accueille, il suit des cours de Japonais à la Tokyo School of the Japanese Language et à Sophia University afin de mieux maîtriser la langue. 

Ses horaires de travail lui offrent l’opportunité de participer de façon quotidienne à un maximum de cours au dojo. Très investi dans la pratique et la vie du Hombu Dojo, il se voit, en 1971, confier officiellement la responsabilité de l’accueil des pratiquants étrangers. 

En 1976, il se voit promu au grade de 4ème dan de l’Aïkikaï de Tokyo. Sur les conseils de Yamaguchi sensei, Christian Tissier décide de revenir définitivement en France.  Il est alors, à 25 ans, le plus haut gradé français en aïkido. Quelques mois plus tard, il crée son propre dojo, le « Cercle Tissier », qui, au fil des ans est devenu l’un des plus importants dojos privés d’Europe, regroupant, outre l’Aïkido, des disciplines comme le judo, le karaté, le jiu-jitsu…, chacune de ces disciplines étant enseignée par des experts reconnus.

En 1983, il joue un rôle clé dans la création de la FFAAA (Fédération Française d’Aïkido, Aïkibudo et Affinitaires) dont il devient naturellement la figure de proue. Cette fédération, parmi les plus importantes au monde et qui regroupe plus de 800 clubs et plus de 20000 licenciés. En dehors de son rôle prépondérant dans la formation des aïkidokas français, Christian Tissier, s’est engagé activement depuis plus de 40 ans, pour la promotion et la diffusion de l’aïkido sur le plan international.

 A travers l’Europe, mais également en Amérique et en Asie, il dirige tout au long de l’année des stages, permettant aux pratiquants du monde entier d’enrichir leur pratique et leur connaissance de la discipline. De nombreuses associations, groupes et enseignants ont choisi de se placer sous sa direction technique. Au total, ce sont des milliers de pratiquants qui suivent régulièrement son enseignement à travers le monde. Néanmoins, Christian Tissier s’est toujours refusé à créer une organisation internationale sous sa propre bannière, préférant favoriser une relation directe   avec l’Aïkikaï Hombu Dojo, sous la direction du Doshu auquel il a marqué une fidélité sans faille. 

Nombre de ses élèves français sont à leur tour devenus des références au niveau international, participant à leur tour à la diffusion et à la renommée de l’aïkido. 

Auteur de nombreux livres et DVD, Christian Tissier est aussi internationalement connu pour la qualité et le caractère spectaculaire de ses démonstrations qui ont largement contribué à populariser cette discipline. 

Son engagement indéfectible en faveur de la diffusion de l’aïkido, allié à ses exceptionnelles qualités techniques et pédagogiques, lui a valu une reconnaissance bien établie tant en France qu’au Japon. Pour de nombreuses organisations, en particulier pour la FFAAA, il fait office de pont entre nos deux continents, facilitant les échanges et la compréhension entre les différentes cultures. 

L’Aïkikaï de Tokyo, à travers son Doshu, d’abord Ueshiba Kisshomaru puis Ueshiba Moriteru, a su apprécier le rôle unique de Christian Tissier dans le monde de l’aïkido. Il est le premier non-japonais chargé de cours lors des congrès de l’IAF (International Aïkido Federation) et le premier à recevoir le titre de Shihan. Quelque temps plus tard, le doshu, Ueshiba Moriteru, le nomme au sein du « Senior Council » de l’IAF, une instance chargée de conseiller le comité directeur et de veiller au respect et à la préservation des valeurs transmises par le fondateur, Ueshiba Morihei, au sein des différentes organisations affiliées. En 2016, il est promu par le Doshu au rang de 8ème dan, là aussi une première pour un non-japonais.

 En 2012, Christian Tissier a reçu, des mains de l’ambassadeur du Japon en France, son excellence Komatsu Ichiro, le prix du Ministère des Affaires Étrangères Japonais. Il sera par la suite l’un des invités d’honneur à l’Elysée lors de la visite en France du premier ministre Japonais, Abe Shinzo.

Bien qu’il ait occupé une position de leader dans l’aïkido français et à la FFAAA, Christian Tissier a toujours fait preuve d’un profond respect pour l’organisation de la discipline en France, veillant à dissocier clairement les fonctions techniques des responsabilités administratives. Cette approche lui a permis de se concentrer principalement sur la transmission, la diffusion et la promotion de l’aïkido. Bien qu’il ne détienne pas de titre officiel au sein de la fédération, son rôle de pont entre le Hombu Dojo et les instances internationales est indéniable.

De plus, sa maîtrise approfondie de l’histoire, des acteurs et des fondements de l’aïkido fait de lui un conseiller incontournable pour les instances fédérales, qui bénéficient de son expertise et de sa vision éclairée.

En conclusion, Christian Tissier se distingue non seulement comme un maître incontesté de l’aïkido, mais aussi comme un véritable pont entre la France et le Japon. Son parcours exceptionnel de plus de 60 ans dans cette discipline lui a permis de tisser des liens solides avec le Hombu Dojo de Tokyo et ses maîtres historiques plus particulièrement avec les Doshu Ueshiba Kisshomaru et Ueshiba Moriteru. 

Il représente une voix respectée dans les instances internationales, contribuant à la compréhension mutuelle et à l’harmonisation des pratiques. Son engagement et sa passion font de lui un acteur clé dans la diffusion de l’aïkido, assurant la continuité d’un héritage précieux et le renforcement des relations entre les pratiquants français et japonais. Christian Tissier n’est pas seulement un ambassadeur de l’aïkido en France, mais aussi un véritable pilier dans la transmission de cette discipline à l’échelle mondiale.

 

Mare Seye Shihan
Coordonnateur du CTN