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Portrait : Olivier Dreser

Portrait d’Olivier Dreser, 5e dan UFA (club C. S. Aïkido Kremlin-Bicêtre)

Pouvez-vous vous  présenter ?

Je m’appelle Olivier Dreser. Je suis originaire du Nord de la France, un ch’ti. J’ai 48 ans et je vis aujourd’hui en région parisienne, en Essonne exactement.

Mon parcours d’aïkidoka a commencé en avril 2000. Après mes études, lorsque je suis venu à Paris pour chercher un travail, j’ai eu envie d’essayer l’aïkido. Le hasard m’a conduit à pousser les portes du dojo de Thiais en banlieue sud.

J’ai fait ce jour-là la rencontre de Christian MOUZA. Il était l’enseignant du club… le Senseï … Il m’a immédiatement proposé de faire un essai. Je suis monté sur le tatami et ma vie a basculé. Christian est devenu mon Senseï. Il l’est toujours aujourd’hui. 

Cela fait plus de 23 années que je suis son enseignement. Christian est un technicien d’exception mais c’est aussi un enseignant qui a le don de faire aimer la pratique de l’aïkido. Les deux termes qui me viennent pour qualifier sa pratique, et pour le qualifier lui, sont « Générosité » et « Bienveillance ». Il est aujourd’hui 7ème dan, membre du CTN et Délégué Fédéral Régional pour la Corse.

Très vite après la découverte de la discipline, j’ai souhaité m’y investir. Je n’avais qu’une idée en tête : faire de la technique, y passer le plus de temps possible, transpirer sur le tatami, chuter, me faire « brasser » comme on dit … 10 à 15 heures de pratique par semaine. Parfois deux cours le même soir dans deux clubs différents.

Et puis Vincennes … comme de nombreux pratiquants de la région parisienne, il fallait que je sache ce qu’était « Vincennes ». Alors dans les années 2005 ou 2006, j’ai commencé à compléter ma pratique par des entrainements réguliers au Cercle Tissier, ce qui m’a donné l’opportunité de suivre l’enseignement de Christian Tissier Shihan mais aussi de ses élèves directs comme Bruno Gonzalez, Pascal Guillemin, Mare Seye ou encore Fabrice Croizé. Au-delà d’un enseignement technique de très haute qualité, Vincennes, c’était aussi une occasion de pratiquer régulièrement avec des aïkidokas très expérimentés. J’y croisais même parfois mon propre Senseï qui venait s’y entrainer. 

Vous avez passé l’examen fédéral du 5ème dan ; pourquoi vous être prêté au jeu de l’examen ?

J’ai trouvé le défi à relever très intéressant à plusieurs titres. D’abord sur le principe même de la notion d’examen, j’aime l’idée d’être challengé et de « plancher » devant mes pairs.

Ensuite sur la forme, je considère que l’exercice était complet. 

  • La rédaction d’un mémoire sur un sujet laissé à l’appréciation des candidats. Cela a permis un temps de rétrospective et d’auto-analyse sur 20 années de pratique : c’est important parfois de savoir s’observer soi-même surtout dans une discipline sans compétition.
  • Un oral avec des sujets de fond en lien avec la technique, l’histoire ou encore l’organisation de l‘aïkido en France : l’échange a été riche et constructif avec le jury.
  • Et puis l’épreuve technique : une vraie occasion de s’exprimer librement sur le tatami. J’ai particulièrement apprécié cette épreuve qui a aussi été un moment de grande complicité avec Christophe, mon uke du jour.
Vous avez réalisé un mémoire de stage sur la thématique du musubi : pourquoi ce choix ?

Musubi peut se traduire par : lier, nouer, attacher ou joindre. Au sens de l’aïkido, il pourrait se définir comme le fait d’être attaché, lié à son partenaire. Il représente « l’unité » ou « l’interaction harmonieuse ».

J’ai souvent lu et relu l’ouvrage Aïkido, nature et harmonie de 1985 de Mitsugi Saotome Senseï Shihan. A chaque lecture, j’ai l’impression de le redécouvrir autrement. C’est en le lisant une nouvelle fois fin 2021 que l’idée m’est venue de traiter du musubi dans mon mémoire. J’ai souhaité mettre des mots sur la façon dont il peut émerger chez l’aïkidoka dans la pratique au fil des années.

Cette notion occupe une place importante dans ma pratique sans que je sache réellement en expliquer la raison. Je pense que c’est inconscient. Je ne monte pas sur le tatami en pensant musubi ! Mais quand je pratique, j’essaie d’avoir tous les capteurs en éveil pour que la relation d’aïki s’établisse au mieux avec mon partenaire. Le résultat est parfois satisfaisant … parfois beaucoup moins ! Pourquoi ? Comment ? Les réponses à ces questions ne sont pas triviales. C’est la recherche d’une vie. Pourquoi ce choix du musubi ? Peut-être pour cela … parce que j’aime chercher.

Comment avez-vous préparé la démonstration du Kagami Biraki ?

Nous n’avions qu’une seule consigne : que la démonstration dure entre 3 et 4 minutes !

Je l’ai préparé de la façon la plus simple possible ! En m’amusant et en prenant beaucoup de plaisir. J’ai proposé à deux amis, Christophe, 4ème dan et Marie, 1er dan, de me suivre dans cette aventure. J’ai élaboré sommairement un premier enchainement de techniques. Puis nous avons fait quelques répétitions … Même si le coté démonstration mérite de la préparation, je fonctionne beaucoup à l’intuition et à l’instinct. Christophe et Marie sont deux aïkidokas avec une très grande générosité. Ils ont nourri la préparation de la démonstration.

Une démonstration réussie repose en très grande partie sur les uke. Nous étions très en phase et dans une confiance totale. J’ai souhaité que la phase de préparation soit un moment de complicité et de confiance : c’était mon unique objectif … le reste allait suivre naturellement le jour J.  

Vous souhaitez vous engager sur le plan fédéral : comment et pourquoi ?

L’aïkido, c’est un cercle vertueux : prendre, donner, prendre, donner, … Au début, on prend beaucoup car on a peu à donner … Durant mes 20 premières années de pratique, en tant qu’élève, j’ai donc surtout pris. Les « autres » m’ont nourri. Lorsque fin 2021 Christian Mouza m’a proposé de reprendre l’enseignement d’un de ses clubs (Le Kremlin Bicêtre – 94), j’ai franchi le pas de devenir enseignant. Cette étape m’a conforté dans l’idée qui commençait à germer en moi de transmettre. Tout s’est ensuite enchainé.

2023 a été une année riche : le Kagami Biraki en février, l’université d’été à Dinard en juillet et puis le stage des 40 ans de la FFAAA à Fareins en novembre que la fédération m’a proposé de co-animer.

Aujourd’hui, j’enseigne plusieurs heures par semaine dans deux clubs (Kremlin Bicêtre – 94 et Brétigny sur Orge – 91) et je suis membre du Comité Technique Régional de la ligue Ile-de-France. Je continue bien sûr de me nourrir des grands experts mais aussi de tous les pratiquants par des participations à de nombreux stages. Je pense que tout enseignant doit continuer à être élève.

Notre fédération doit constituer un socle solide et un environnement propice aux conditions d’une transmission des valeurs de la discipline et de la technique. J’insiste sur le côté intergénérationnel de cette transmission, c’est indispensable. 

Mon engagement sur le plan fédéral sera basé sur les opportunités qui se présenteront et que je saisirai car je les estime d’intérêt pour le collectif.

Stage des 40 ans de la FFAAA, Fareins, 25 novembre 2023
Vous considérez-vous comme un professionnel de l’aïkido ?

La question est très complexe ! En première intention, et en regardant mes 20 premières années de pratique en tant qu’élève, la réponse est non.

Mais … à y réfléchir de plus près, la réponse pourrait être « je commence à le devenir ». Ces dernières années ont été marquées par une nouvelle forme d’investissement dans la discipline : enseigner plusieurs heures par semaine, intégrer et participer activement au Comité Technique Régional, former et évaluer de futurs enseignants, être membre de jurys d’examens, s’impliquer sur le plan fédéral, … tout cela nécessite du professionnalisme et demande un engagement de chaque instant.

Je vais donc vous faire une non réponse : une transition est peut-être en train de s’opérer. En tout cas, professionnel ou pas, mon engagement est et restera total.

Comment voyez-vous évoluer votre carrière pour les prochaines années en aïkido ?

Je suis guidé par le plaisir de faire ce que je fais. Je ne trace pas de voie précise pour le futur ni pour ce qui concerne l’aïkido ni pour les autres sujets d’ailleurs. 
Se faire plaisir, faire ses propres choix, saisir les opportunités, progresser et transmettre. C’est autour de ces grands thèmes que je vois mon futur en aïkido.  

 

Propos recueillis par Yéza Lucas pour la FFAAA.

Photographies prises lors du Kagami Biraki de la FFAAA en 2023.

Démonstrateur : Olivier DRESER, 5e dan UFA
Uke : Christophe PERARD, 4e dan UFA & Marie BRIANCOURT, 1er dan UFA