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Première Université d’été de la FFAAA à Dinard

La FFAAA a organisé sa première Université d’été à Dinard du 16 au 22 juillet 2023. Ce séminaire, mis en place par l’Institut de Formation de notre fédération, a abouti à une  réflexion approfondie de la part des stagiaires,  alternant temps de réflexion et phases de pratique, à partir d’une thématique proposée par les formateurs, Gilles Rettel et Bruno Rivière, membres de l’Institut et du Collège technique national.

Par ailleurs, les interventions complémentaires de techniciens haut gradés membres du CTN, Luc Mathevet, 7e Dan et Hélène Doué, 6e Dan, ont permis d’enrichir la réflexion sur cette thématique (la notion de l’incertitude) en apportant des éléments novateurs et en les mettant en application.

Retour sur une semaine de formation particulièrement dense et fructueuse.

1/ Une formation dense pour un public hétérogène

Les stagiaires de la formation, accompagnés des formateurs du CTN (Gilles Rettel et Bruno Rivière) et du bureau national de la FFAAA (Francisco Dias, Béatrice Navarro et Jean-Victor Szelag)

L’Université d’été de la FFAAA est une formation marquée par la densité de ses contenus mais également du rythme proposé : les journées débutaient à 9h et pour s’achever à 18h,  alternant pratique et réflexion de fond.

Groupes de travail en pleine réflexion, et avec le sourire !

Formation animée par Gilles Rettel (7e Dan) et Bruno Rivière (6e Dan)

Ce travail de fond est d’autant plus stimulant pour les stagiaires qui ont dû produire une réflexion personnelle sur l’Aïkido et assurer une restitution collective sur un sujet inédit : l’incertitude.

Si tous les pratiquants, dont certains venus de groupes extérieurs, avaient le niveau technique minimum requis pour la pratique (à partir du 1er dan), des disparités quant à la culture de l’Aïkido se sont fait ressentir. Ainsi un pratiquant titulaire d’un diplôme d’enseignement (Brevet Fédéral, CQP, BF) était certes plus avantagé pour réaliser les exercices proposés. L’Université d’été a permis d’éveiller un intérêt pour la formation professionnelle en Aïkido, et a favorisé la montée en compétence de l’ensemble des pratiquants sur le plan pédagogique mais également culturel. À titre d’exemple,  les titulaires d’un premier diplôme d’enseignement, tel que le Brevet Fédéral, ont pu voir dans l’Université d’été une véritable invitation à aller plus loin dans la formation professionnelle en Aïkido.

Restitution des travaux en salle, avec des groupes de travail hétérogènes

Toutefois, l’hétérogénéité du groupe de stagiaires s’est révélée être une richesse dans la réalisation des travaux collectifs : en effet, les échanges entre stagiaires de niveau technique,  de gabarits et de régions différentes nourrissent une réflexion plurielle propice à la production de contenus objectifs et nuancés. Dans ce contexte, les interrogations sur le niveau de chacun sont très vite balayées et chacun trouve rapidement ses marques.

Par ailleurs, la proximité entre les stagiaires (repas partagés, travaux de groupe, pratique quotidienne, moments de convivialité divers) a favorisé la cohésion de groupe dans un climat de bienveillance, une des valeurs chères à l’Aïkido. Cette formation a permis la montée en compétence des stagiaires sans pression ni compétition.

Moments de convivialité entre formateurs, stagiaires et membres du bureau fédéral

De même, le cadre de vie offert par la FFAAA à Dinard était propice au ressourcement : le dojo se situe à deux pas du lieu d’hébergement, et également à proximité des plages, pour s’octroyer des moments de repos et de prise de recul en respirant l’air marin.

De ces réflexions découle un enjeu de taille : s’assurer de l’existence d’un socle commun de connaissances. En effet, lors des exercices proposés en groupes, il a fallu s’assurer que les stagiaires partagent une culture commune des notions mobilisées : les grands principes de l’Aïkido étaient-ils compris de tous les stagiaires ? Devait-on s’en tenir aux principes évoqués par la CSDGE ? La maîtrise de la pédagogie par objectifs (PPO) était-elle une méthodologie acquise ou mobilisée par tous pour entamer une réflexion ? De même pour l’identification des trois phases d’une technique (entrée, déséquilibre, exploitation du déséquilibre).

Groupes de travail : des profils hétérogènes

Ces derniers questionnements amènent à une réflexion de fond : quels types d’aikidoka veut-on former ? Des techniciens ?  Des pratiquants disposant d’une forte culture de l’Aïkido pour mieux parler de la discipline (et ainsi mieux la présenter à un public de néophytes) ?

Pour aller plus loin, on pourrait également s’assurer que tous les stagiaires partagent la même définition de l’Aïkido (logique interne), pour décrire la discipline et mettre en avant ses grands principes, mais surtout les valeurs d’intégrité, de respect et de bienveillance, partagées par la FFAAA.

2/ Une formation orientée vers des objectifs pédagogiques définis
  • Définir et approfondir la notion d’incertitude

L’Université d’été a permis la production d’une réflexion collective sur la thématique de l’incertitude.

Le premier objectif de la formation a d’abord été de définir et délimiter le sujet : quelles sont les limites de l’incertitude ? où se trouve l’incertitude dans l’Aïkido ? D’un point de vue de uke et de tori ?

L’incertitude dans la pratique

En Aïkido, on peut déjà définir l’incertitude en opposition à la certitude, que l’on peut elle-même décrire avec les éléments suivants :

  • La connaissance de la nomenclature (sur le plan technique)
  • La maturité liée au type de cours (adultes, ados, enfants)
  • La connaissance du niveau technique du groupe (débutants, gradés)
  • La connaissance des pratiquants sur le plan individuel (tempérament)

 

Par opposition, on peut ouvrir les champs de l’incertitude aux points suivants :

  • La forme physique des pratiquants
  • Les appréhensions physiques
  • La pédagogie
  • Les ukemis (les chutes)
  • Les attaques
  • Les ju waza
  • Les variations et variantes

Les kaeshi waza (retournement de situation)

L’incertitude mise en application avec Hélène Doué (6e Dan)

Vient ensuite la question de la transmission de la notion : à partir de quel niveau technique de pratique la notion d’incertitude est-elle abordable ? 3e kyu ? 1er dan ? Tout niveau ?

De même que les grands principes de l’Aïkido ont été mobilisés pour délimiter la thématique de l’incertitude, il reste important de les rendre intelligibles aux yeux de tous, enseignants et élèves, qui “vivent” ces principes dans leur pratique sans pour autant savoir les nommer.

À titre d’exemple, le travail sur le Maai et le De-ai introduit l’incertitude dans la pratique, même à partir d’une technique connue, les kihons de base par exemple.

Intervention de Luc Mathevet (7e Dan), sur le principe d’intégrité dans l’incertitude

Autre exemple : prenons le principe d’intégrité qui régit les échanges entre uke et tori, même dans le cadre de l’incertitude.

Dans l’exploitation de ce principe, la visualisation, qui est au fondement de l’intention du pratiquant pour réaliser la technique (la technique ne pouvant être l’unique résultat d’un geste mécanique) permet d’appliquer le principe d’intégrité. L’intention permet de rester (ou non) dans la bienveillance.

Pour aller plus loin sur la visualisation, Gilles Rettel explique que l’incertitude plane sur la nature même de l’Aïkido, notamment sur la manière de réaliser les techniques en expérimentant autant de pratiques internes (processus de réalisation de la technique difficilement compréhensible par un mécanique simple, en invoquant des énergies),  qu’externe (grâce à une biomécanique simple) lors du stage.

Enfin, la formation a permis aux stagiaires d’identifier les conditions pour gérer l’incertitude, à savoir :

  • La disponibilité corporelle, par un travail de réorganisation du corps, possible grâce au maintien de la connexion et le lien entre Uke-Tori, à savoir le Musubi (développé par Hélène Doué lors de son intervention)

 

Les possibilités offertes par les situations présentées : Luc Mathevet décrit ainsi des habiletés ouvertes,  propices à l’incertitude, avec plusieurs possibilités de techniques ou d’attaque dans la pratique. Exemple : Ju waza, ou des habiletés fermées (reposant sur la certitude, dans la réalisation d’une technique définie, sur une attaque unique. Exemple : réalisation du kihon, Ikkyo omote sur Shomen Uchi.

Photo de groupe des formateurs et des stagiaires

Mobiliser l’intelligence collective

Grâce à un travail d’animation, d’échange, de co-construction et de synthèse, l’intelligence collective des stagiaires a permis la production d’un document de synthèse, ultérieurement consultable par tous pratiquants.

L’hétérogénéité des profils présents dans la formation a permis d’enrichir tant la réflexion que les exercices pratiques, en trouvant un équilibre dans la co-animation de groupe mais également dans la prise en compte de l’expérience et de l’expertise de chacun.

L’exercice a aussi permis d’aider l’ensemble des stagiaires à développer ou uniformiser leur niveau de culture martiale commun (le niveau technique ne suffisant pas à développer une réflexion sur l’aïkido) et plus largement,  d’adopter une posture d’enseignant.

Groupes de travail en préparation d’une animation thématique

Conclusion

L’Université d’été, initiée  et mise en place par la volonté de la gouvernance de la FFAAA, a permis aux licenciés, venus d’horizons variés , de réaliser une synthèse technique d’un point de vue fédéral :  ils ont été pour ce faire accompagnés de membres de l’Institut et du Collège Technique National, dont les compétences ont été mises à contribution. Cette réalisation collective, menée chaque soir, a généré une certaine satisfaction des stagiaires, dont la réflexion a été valorisée.

Cette expérience inédite a favorisé l’uniformisation d’une culture martiale, dont l’appropriation pourrait être accessible à tous les pratiquants, grâce à des moments d’échange en club ou en stage, aménagés par les enseignants et techniciens. 

RDV pris pour 2024 !

Pour la FFAAA,

Yéza LUCAS

Sortez vos agendas ! La prochaine Université d’été aura lieu du 25 au 31 août 2024 à Dinard. Plus d’informations à venir.